La méthode

L’eutonie de Gerda Alexander est une pratique corporelle fondée sur l’écoute des sensations.

C’est une réelle éducation de soi où la personne, prise en compte dans sa globalité et dans son unicité, est invitée à être l’observatrice d’elle-même. Il s’agit de se recentrer sur soi. 

La conscience du corps

L’attention dirigée est le moteur des prises de conscience du corps.

L’eutoniste guide par ses consignes (par son toucher en séance individuelle) l’attention de l’élève sur certaines sensations, certaines régions du corps, lui donnant ainsi un cadre sécurisant propice aux expériences sensibles, tellement personnelles.

L’accompagnement s’appuie sur la réalité concrète du corps humain. Il intègre les données anatomiques et physiologiques, les différents tissus sont questionnés, en particulier : la peau, les muscles, les os.

L’observation inclut également les éléments fondamentaux de nos repères spatiaux, tels que la gravité et l’expérience du poids, la verticalité et la conscience des directions de l’espace.

Le cadre de la pratique

L’écoute des sensations nécessite un contexte paisible.

La salle est chaude, confortable, aérée. Des couvertures sont à disposition, ainsi que des objets simples. La perception des variations toniques est d’autant plus accessible que la situation proposée est simple.

Le travail proposé commence souvent allongé au sol, ou dans une position aisée. La détente peut être un des premiers bénéfices. Elle est aussi favorable à l’éveil de l’attention et sert fondamentalement les activités à venir.

La disponibilité grandissante permet d’être pleinement l’acteur de sa propre recherche. Il n’y a ni modèle ni suggestion, ni dans les consignes ni dans les gestes. Le rythme personnel et l’individualité de chacun sont respectés.

Les principes pédagogiques deviennent peu à peu des outils de réalisation personnelle. Des propositions très variées peuvent alors nourrir  une véritable réappropriation de son corps : au repos, debout, assis, en mouvement, en utilisant consciemment le sol, l’objet, l’autre, le groupe ou encore l’espace, comme partenaire de la recherche.

La présence à soi-même, dans son corps, se développe dans le dialogue avec le monde environnant.

L’authenticité de la sensation personnelle crée l’authenticité des mouvements et permet à chacun d’accéder à sa créativité.

Des mots sur ce qui est ressenti, vécu là, peuvent aussi être partagés avec un autre ou dans le groupe, à l’invitation de l’eutoniste, dans une conscience plus pleine et une confiance ressourcée.

L’étirement

Les mots clés de l’eutonie

L’eutonie utilise un certain vocabulaire qui décrit des catégories de sensations et d’expériences recherchées dans la pratique, que l’on appelle aussi les principes de l’eutonie. Ces termes n’ont pas toujours exactement la même signification que dans le langage courant ou celui utilisé dans d’autres disciplines corporelles : 


ÉTIREMENT

C’est un mouvement (ou une position) générateur d’un bien-être global, qui recherche les sensations d’étirement d’une ou plusieurs parties du corps. L’étirement peut être spontané ou volontaire, passif ou actif, continu ou discontinu, chaque forme ayant son intérêt spécifique.


POSITIONS DE CONTRÔLE

Une quinzaine de positions assises et allongées mettent en évidence et font travailler l’élasticité des muscles et des tendons, leurs raccourcissements, ainsi que la souplesse articulaire. Elles permettent de percevoir et d’apprendre à respecter les limites d’une position par la sensation d’étirement provoquée.

 
TOUCHER

Par le toucher, nous faisons l’expérience de la délimitation de notre organisme, de notre forme corporelle extérieure. En outre, le toucher donne des informations essentielles sur le monde environnant, ses formes, sa température, sa consistance, et sur de nombreuses stimulations telles qu’effleurements, pressions, chocs, et leur durée. En eutonie, on parle d’un « toucher conscient » qui se définit par la perception consciente de la peau, de ses fonctions et de sa relation avec l’intérieur du corps, ce qui précise le schéma corporel. D’autre part, l’expérience du toucher conscient aide à se différencier de son environnement et à se distinguer des autres personnes.

 
CONTACT

Le contact conscient se différencie du toucher. Il se définit par un élargissement intentionnel de la conscience au-delà de la limite visible du corps, alors que par le « toucher conscient », elle reste à la périphérie de la peau. « Faire contact » permet d’inclure dans notre conscience les objets, les êtres, l’espace environnant, en dirigeant précisément notre attention vers ce que nous observons.

 
PASSIVITÉ

Il ne faut pas confondre la passivité avec un abandon de la volonté. C’est un état d’inaction choisi et consciemment maintenu.

 
MOUVEMENTS ACTIVO-PASSIFS

C’est l’état de passivité exercé volontairement en alternance avec un état d’activité d’une ou plusieurs parties du corps ou bien de l’ensemble du corps (ex : en position allongée sur le dos, lever un avant-bras puis le laisser tomber sur le sol).

 
REPOUSSER

Un mouvement peut être obtenu par « repousser » à partir d’une partie du corps dans une direction précise, contre une surface résistante : objet, sol, mur, personne (ex : pour se redresser d’un fauteuil, un repousser bien dirigé, au bon moment, des mains et des bras sur les accoudoirs va aider à se mettre debout).

 
TRANSPORT

Le mot transport a été inventé pour des raisons pratiques en eutonie et il désigne le réflexe proprioceptif de redressement qui est inné et s’observe facilement chez les petits enfants.

Le « transport conscient » se définit comme l’utilisation consciente du réflexe de redressement.


INVENTAIRE

Il consiste en l’énumération des différentes parties du corps en vue d’une prise de conscience corporelle approfondie.